10ème édition du RDV de Casablanca de l'Assurance
Retour sur l'intervention du Club Francorisk en plénière le mercredi 17 avril 2024
Marc de Pommereau Secrétaire Général Club Francorisk |
Pour répondre à la question posée aux Risk managers de de l’évolution de l’assurabilité des grands risques, thème de la table ronde des journées de l’assurance de Casablanca, on peut se demander ce qui a changé dans ce monde, en pleine évolution. A la suite de la période de cinq années de hard Market, la position des assureurs a changé, celle des grands comptes aussi. Si les assureurs ont retrouvé un certain équilibre, ils maintiennent une importance forte à la rigueur technique et une approche différenciée en fonction des produits. Les grands comptes, avec leurs courtiers et leurs experts ont augmenté la conservation par le jeu des franchises, des rétentions, des captives. Ils ont amélioré la collecte des informations par une meilleure utilisation de la data, l’identification et la valorisation des risques notamment pour les risques émergents, cyber, climatiques… Une des conséquences de la période de hard Market, c’est la fragmentation qui amène à classer les risques en « Bons/méritant » et en « mauvais » risques pour lesquelles il y aurait pratiquement plus de solutions d’assurance ou à des coûts prohibitifs. Les risques sont appréciés en fonction de leur nature, (cyber, climatique, entre autres), de leur rentabilité, de leur caractère plus ou moins aléatoire, mais aussi de la capacité des entreprises à les gérer. Les assureurs vont-ils laisser les grandes entreprises chercher d’autres solutions sur les marchés financiers pour couvrir les risques dont elles ne veulent plus (traitement des déchets) ou pas comme les engagements de long terme de la transition énergétique ? Pour faire face à ce problème d’assurabilité, il est indispensable que les acteurs se rapprochent pour mieux se connaître, plus se parler, améliorer la prévention. Les risk managers et leurs associations comme l’AMRAE, le CLUB FRANCORISK et les associations locales comme l’AMRAEM au Maroc ont un rôle déterminent à jouer. Développer la gestion globale des risques devient une nécessité absolue dans les entreprises mais aussi dans les collectivités publiques et territoriales. |
Philippe Noirot Expert ERM Directeur adjoint management des risques groupe chez Orange
|
1/ Le risque est l'affaire de tous dans l'entreprise.
Rappel du rôle de l'ERM comme fonction de coordination et de suivi du processus de gestion globale des risques de l'entreprise. En osmose avec audit interne et contrôle interne, et en lien avec d'autres fonctions de 2eme ligne (sécurité, compliance, juridique, crise et continuité d'activité, assurance) La cartographie des risques est l'outil phare parmi d'autres (dashboard de KRI, culture, communication, appétence, etc.). Elle fourmille d'informations (risques, causes, conséquences, efficacité du dispositif de maitrise). L'assurance est un moyen de traiter les risques parmi d'autres. 2/ Pas de business sans prise de risque. Les risques émergents s'intègrent facilement dans la démarche si elle est solide. Ex : IA qualité des résultats fonction de la qualité des données d'entrée, pandémie qui peut être risque, ou cause, ou même cygne noir selon le contexte propre à chaque entreprise 3/ Une bonne pratique à développer : la prise en compte par les directions d'assurance et les courtiers et assureurs de la qualité de l'ERM dans leur appréciation des "grands risques" |
Francis Miard Senior Partner EY Département Risk Consulting |
Si la prise de conscience des risques semble occuper une place de plus en plus importante dans les entreprises et dans la société, à quoi correspond la notion de grands risques, comment et par qui les risques sont-ils traités dans les entreprises ? Les grands risques de l'entreprise correspondent aux menaces majeures qui peuvent significativement entraver le développement et la croissance d'une entreprise ou d'une organisation publique mais aussi nuire gravement à sa réputation et à son image de marque. C'est une notion qui s'applique aux grands Groupes mais les ETI et les PME sont également confrontées à ces situations. Pour les définir, il s'agit d'être capable de les identifier et de prendre en compte les signaux faibles puis de les évaluer. Un grand risque se mesure ainsi à l'aune de son impact majeur sur les objectifs stratégiques de l'entreprise, sur la continuité d'activité, sur le coût financier et enfin sur les conséquences réputationnelles et juridiques qu'ils peuvent engendrer. Ils peuvent être aussi bien d'origine externe, comme une attaque majeure Cyber ou de nature interne comme un problème grave de qualité produits par exemple. Dans tous les cas la DG en s'appuyant sur la Direction des risques et appuyés par son Assureur devra les prendre en compte en mettant régulièrement à jour sa cartographie des risques et en définissant de nouvelles stratégies de prévention et de couverture. La gouvernance constitue également une partie prenante essentielle du dispositif et le dialogue qui s'instaure entre le conseil d'administration, son comité d'audit et la direction générale permet de faire progresser l'entreprise en matière de maturité de gestion de risques. Faut-il craindre les risques nouveaux ou émergents ou en faire une source d’opportunité ? Pour faire face à leur évolution, les entreprises sont-elles en mesures de les identifier, les prévenir, les gérer, de quels moyens disposent-elles ? Tout d'abord, il est possible et même utile de voir dans certains risques de réelles opportunités de croissance et de développement. C'est le cas par exemple de l'IA et l'IA générative qui offrent avant tout une incroyable opportunité de transformation de l'entreprise même si l'IA génère aussi son lot de risques en matière de gouvernance, de perte de contrôle et de biais décisionnel par exemple. Ensuite, un risque pour une entité peut constituer pour une autre une réelle opportunité qui sera un moteur de l'évolution de son modèle d'affaire. En prenant le cas du réchauffement climatique, il constitue en tant que menace externe, un risque important voire majeur pour toutes nos entreprises. Une des réponses au risque porte sur l'accélération de la décarbonation et son corolaire de transition énergétique. Or, pour certain acteurs économiques cette transition énergétique constitue une formidable opportunité de croissance et d'innovation. Dans tous les cas la Direction Générale, aidée de son Directeur des risques et appuyés par son Assureur, devra les prendre en compte en mettant régulièrement à jour sa cartographie des risques et en définissant de nouvelles stratégies de prévention et de couverture. Les assureurs sont-ils toujours en mesure d’assurer les grands risques ? Va-t-on vers une modification du rapport entre Assureur, courtier et assuré ? La prévention est-elle suffisante et appréciée à sa juste valeur par les assureurs ? Pour compléter, l'entreprise et sa Direction des risques doit maintenir et même renforcer un dialogue continue avec son Assureur sur le panel de stratégies de gestion mises en œuvre sur chaque catégorie de risques. Tout le monde s'accorde sur le besoin d'une bonne voire d'une meilleure prévention et le constat qui peut être fait c'est qu'il existe encore des marges de progrès sur la bonne coordination des différents acteurs aux bénéfices de tous. |
⬇️ Rediffusion du panel ⬇️